19 heures 30, 3 septembre 1986

Autour d’une grande et belle table garnie, Mr et Mrs Beaugard, sont réunis pour une occasion très spéciale, voire doublement spéciale pour Madame Beaugard. En effet, Elisabeth n’avait plus aucun doute à présent, elle était belle est bien enceinte de son troisième enfant. Le seul problème c’est qu’elle appréhendait la réaction de son mari. Si elle se souvient bien, sa première grossesse avait été vécue par le couple comme un cadeau, la deuxième n’était pas voulue, enfin Elisabeth avait insisté et voilà qu’aujourd’hui et depuis un petit mois, elle se retrouvait de nouveau enceinte. Evidemment, c’était un accident mais maintenant que l’enfant était bel et bien la et qu’il grandissait en elle, elle le voulait de tout son cœur. Après un long moment de silence, Marc qui devait bien sentir que son épouse était stressée - ce qui le chiffonnait - et qui se demandait qu’est-ce qui pouvait bien gâcher une occasion aussi spéciale - en effet ils étaient mariés depuis 10 ans - fini par briser le silence – la glace.


« Alors ma douce épouse, quelque chose te tracasse ? Ne me dit pas le contraire, je le vois dans tes si beaux yeux »


Marc avait toutes les qualités du monde, de nationalité Russe, il avait quitté son pays quand il avait rencontré son grand amour Elisabeth, afin de pouvoir rester à ses côtés… L’endroit où ils se trouvaient lui importait peu, tant qu’il était avec elle. Voilà donc pourquoi il se retrouve à présent en Angleterre – Liverpool. Malgré ses qualités, une seule chose l’insupporte et ce sont bien les enfants. D’accord, le premier – Mickael - était voulu, il avait juste voulu ressentir ce que ça faisait d’être père. Par la suite et grâce à son épouse il avait accepté à contre cœur d’avoir un autre enfant – Serena. Voilà donc pourquoi leur anniversaire de mariage risquait d’être gâché.


« En effet. Quelque chose ma tracasse bien, mais…Je…je ne sais pas comment te dire ça » avait elle réussit à bafouiller.


D’un air perplexe et toujours en se demandant ce que sa femme pouvait bien lui cacher, il reprit la parole et dit ;


« Aller, crache le morceau Beth… Je ne vais pas te manger »


C’était un fait, Elisabeth n’avait pas envie de gâcher ce moment, ce grand moment, ils auraient du profiter du dîner, de la soirée à la place de faire des confidences. Mais le mensonge était devenu insupportable pour Beth.


« C’est juste que…que je ne veux…pas gâcher cette…cette soirée » finit elle par articuler.


Un petit foncement de sourcil, et un geste rapide de la main, Elisabeth avait compris que Marc voulait qu’elle continue.


« Surtout ne t’énerve pas. Je ne sais pas comment ça a pu arriver…mais…mais je suis…en…enceinte »


En voyant le visage crispé et glacial de son mari, la jeune femme c’était mise à sangloter. Non pas que son mari soit violent, mais jamais elle n’avait aimé les disputes…D’habitude elles les évitaient. Mais comment éviter ça ?


« Mais c’est impossible ! Dit moi que c’est une farce ! Je pensais que tu te protégeais ! Ne me dis pas que tu as arrêté la pilule dans mon dos quand même !! »


Ces quelques paroles suffirent pour glacer le sang d’Elisabeth. Comment pouvait il s’imaginer une t’elle chose ? Elle lui était fidèle, elle l’aimait plus que tout, elle ne lui mentait presque jamais. Elle avait l’impression de recevoir un sceau d’eau froide en plein visage.


« Comment est-ce que tu peux t’imaginer une chose pareille ?! Tu me connais mieux que personne et tu sais très bien que jamais, non jamais je ne ferais une chose aussi stupide, voyons ! » Rétorqua t’elle les larmes aux yeux.


Elisabeth sentait ses joues se mouiller, et au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient, ses sanglots prenaient de plus en plus d'ampleur. Afin de se calmer et surtout de cacher son visage, elle pose ses deux mains dessus. Tendis que Marc de son côté essayait aussi de retrouver ses esprit tout en cherchant une solution au problème. Mais qu’elle solution ? Il savait pertinemment que sa tendre épouse ne prendrait jamais la décision d’avorter. Marc se calma pour ensuite reprendre la parole ;


« Je suppose que tu n’envisage pas l’avortement ? »


Comme réponse, il eut juste le droit à un regard noir, glacial de la part de la belle Elisabeth.

13 heures 15, 26 Juillet 1991

Sur une grande cours en dalle brune tirant sur le beige, une mère de famille essaye de profiter des quelques rayons du soleil, tendis que ses trois enfants blonds comme le blé jouent autour d’un petit étang à peine construit. L’après midi commençait pourtant si bien, seule les rires de Mickael, Serena et Siobhan étaient audibles. Comme quoi une petite chose peut entrainer de grande conséquence. Tendis que deux enfants roulaient en vélo, la petite dernière était assise sur le petit muret derrière sa mère. Une chose qu’Elisabeth ne supportait pas et n’arriverait jamais à supporter c’était bien de voir un des ses enfants à l’écart et troublé.


« Alors ma puce. Tu ne va pas t’amuser avec ton frère et ta sœur ? » Demanda Beth d’une voix douce.


Le regard perdu au loin, la petite fille mit un moment avant de répondre. Elle se demandait quand est-ce que son père allait lui apprendre à rouler à vélo. Il lui avait pourtant promis il y a environ un mois, mais à chaque occasion qui se présentait, Marc se désistait et voilà pourquoi maintenant Siobhan était mise à l’écart. Comment s’amuser avec Serena et Mickael, s’ils roulaient en vélo et qu’elle était à pied ?


« Mais maman… Je ne sais pas rouler à vélo moi. Papa a promis qu’il m’apprendrait mais je ne sais pas quand » répondit Siobhan d’une voix triste.


Elisabeth fronça les sourcils. Marc avait pourtant dit que c’était fait ? Il y a cinq jours, il avait pourtant bien passé la journée avec la petite, il lui avait même dit qu’elle grandissait à vue d’œil et qu’elle arrivait enfin à faire du vélo.


« Reste la mon cœur, j’arrive »


La jeune femme venait à peine de prononcer ces quelques mots qu’elle se dirigea à l’intérieur de la maison. Sans réfléchir, car elle était sure de trouver Marc là, elle alla frapper à la porte du bureau. Depuis maintenant des jours et des jours, ils passaient tout son temps dans cette pièce, sauf la fois ou il aurait normalement du passer une journée avec Siobhan. C’est comme s'il noyait quelque chose dans le travail. Mais quoi au juste ? Sa colère ? Son mépris ? Son dégout ? Ou peut-être sa haine ? Elisabeth n’arrivait plus à comprendre son mari, pourtant, autrefois il suffisait d’un regard pour qu’elle le comprenne. Comme il ne se décidait pas à lui proposer d’entrer, ce qui mit la jeune femme encore plus en colère, elle entra brusquement dans la pièce et claqua la porte pour que les enfants n’entendent rien de leur conversation.


« Marc tu me l’avais promis… » Souffla t’elle.


En colère, car monsieur n’aimait pas être dérangé pendant qu’il travaillait, il lui répondit ;


« Ecoute Beth…Je ne vois même pas de que tu parles, alors va t’en si c’est pour me dire des choses hors contexte ! »


Elisabeth essayait tant bien que mal de garder son calme, son sang froid. Autrefois - même si ça lui paraissait être une éternité maintenant – la jeune femme aurait fait n’importe quoi pour éviter les disputes, elle le fuyait même…Mais c’était avant, aujourd’hui elle avait l’impression de sans arret les chercher mais c’était pour une bonne raison, elle faisait ça pour sa fille, pour essayer de comprendre ce que reprochait Marc à Siobhan. Car oui elle en était certaine, il reprochait quelque chose à sa propre fille.


« Mais ne fait pas l’innocent Marc ! Tu sais exactement de quoi je parle ! Je t’avais demandé de passer seulement une journée, une malheureuse journée avec ta fille…et tu as profité de mon absence pour te désister ! »


Marc se souvenait très bien de ce fameux jour. Il avait attendu que sa femme parte au centre commercial avec ses amies pour dire à sa fille qu’il fallait remettre ça à une autre fois. Jusqu’à aujourd’hui Siobhan avait su tenir sa langue… Il n'arrivait pas à supporter son contact. Quand il voyait ces cheveux blond, quand il entendait sa voix son cerveau lui disait ; Erreur. Parfois – souvent – il se disait que c’était impossible qu’elle soit sa fille, qu’Elisabeth avait du avoir un amant même si au fond de lui il sait que c’est faux. Lui-même ne comprend pas pourquoi il n’aime pas sa fille, car non, il n’a pas peur de le dire, il la déteste… Pour lui, Siobhan n’est pas sa fille, elle n’est rien, rien du tout, c’est juste un enfant venu lui gâcher la vie et qu’il doit supporter.


« Je n’ai pas le temps pour ça Beth ! Je n’ai pas le temps. Est-ce que tu comprends ? Si je n’étais pas là, on serait ruiné à l’heure qu’il est, alors va t’en, laisse moi… » Dit-il exaspéré.


Beth avait envie de pleurer devant une telle indifférence. Comment ne pouvait-on pas supporter une adorable petite fille, comme Siobhan ? Qui elle ne demandait qu’une chose ; l’attention de son père. Pour madame Beaugard, il était inenvisageable de détester un enfant.


« Mais dit moi bon sang ou est passé le Marc que je connaissais ? Parce que la je te jure, j’ai beau chercher mais je ne le trouve pas. Ou est passé le mari que j’aimais ? L’homme qui a tout quitté pour moi et pour qui j’aurais fait pareil ? Regarde moi Marc, regarde moi je t’en supplie… C’est impossible que ce soit à cause d’elle tout ça. D’ailleurs je vais te dire quelque chose c’est de TA faute ! Oui c’est ta faute si notre famille ne tient plus qu’a un fil, ta faute si Siobhan pleure chaque nuit, vient me voir tous les matins en me demandant si son papa a enfin décidé de jouer avec elle. Tu ne peux même pas imaginer la souffrance que je ressens quand elle me demande pourquoi est-ce que son père ne l’aime pas. S’il te plait, réveil toi, ouvre les yeux, ce n’est pas un monstre… »


C’était plus fort qu’elle, elle n’avait pas pu s’empêcher de retenir ses larmes. La situation dans laquelle ils se trouvaient devenait invivable. Pendant de longues minutes, Elisabeth était restée plantée sur le seuil de la porte, quand elle se décida enfin à tourner les talons, Marc souffla ;


« Je suis navré Beth…mais ce n’est pas ma fille…non ce n’est pas ma fille. Elle m’exaspère, m’énerve. Je la hais, est-ce que tu comprends ça ? Je ne l’aime pas, je ne pourrais jamais l’aimer…quoi que tu en pense, c’est elle la responsable et jamais je ne lui pardonnerais jamais, non jamais elle ne recevra un geste d’affection de ma part…elle m’insupporte, je ne l’aime pas, je n’y arrive pas… »


Choquée, bouleversée, Elisabeth n’arrivait plus à retenir ses larmes. L’homme qui lui tournait le dos ne pouvait pas être celui qu’elle avait aimé, celui qu’elle avait épousé. Sans rien dire, lentement, elle referma la porte du bureau, en espérant pouvoir un jour oublier cette discussion.

Cher Journal, nous sommes le 18 décembre 2001

C’est certain maintenant. Le doute n’est plus possible, maman, moi, Mickael et Serena nous passerons noël sans papa. Je les ai entendus, encore une fois, comme presque chaque jour une dispute a éclatée… Bien évidemment la raison de leur dispute ne change jamais, c’est moi et j’ai bien l’impression que cette fois-ci, c’était une fois de trop pour maman. J’ai essayé de me faire accepter mais mes efforts étaient vint. Il ne me regardait même plus, c’était comme si j’étais invisible. C’est dur, très dur de savoir que mon père me déteste. Lors de leur dispute il à dit ; Ce n’est pas ma fille, elle ne le sera jamais et jamais je ne l’aimerais. Bon d’accord, je suis certaine qu’il avait déjà dit ça auparavant mais jamais non jamais je ne l’avais entendus. Je dois bien avouer que maman fermait toujours la porte, mais hier soir, elle croyait que j’étais bien au chaud dans mon lit, que je dormais…elle n’a donc pas prit cette précaution, mais je suis descendue et j’ai tout, vraiment tout entendu. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il ne m’aime pas. Peut-être qu’il n’a jamais voulu trois enfants, mais ce n’est pas pour autant qu’il à le droit de ma haïr sans raison. Pourtant j’ai fais vraiment tout pour essayer de gagner son amour, pour qu’il soit fier de moi et maintenant je me rends compte que je le dégoute, que je lui fais honte… J’ai demandé à maman pourquoi il me haïssait tellement… Elle ne désirait pas me répondre mais je l’ai tellement scié qu’elle a finit par céder. Responsable, il me croit responsable de tout, du fait que sa femme le rejette, que leur couple ne tient plus qu’à un fil. Heureusement que Mickael ma entendu me lever, c’est mon grand frère je l’aime plus que tout et sans lui je crois que je me serais effondrée dans les escaliers. Lui aussi a tout entendu, c’est pour ça qu’il ma serré, et ma prit avec lui dans son lit. Il ne voulait pas que je passe la nuit seule, il était la pour me montrer que lui au moins il m’aimait et ne me laisserait jamais tomber. Je ne sais pas si c’est une bonne chose qu’il soit partit… Je sais juste que moi je l’aimais mon papa et que je l’aime toujours malgré que ce ne soit pas réciproque. Pour maman, ce sera un noël bien triste je pense, moi et Serena nous avons promis de l’aider le plus possible pour préparer le repas de noël…On compte bien faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la voir sourire à nouveau.


Sur ce cher journal, je te laisse. Cette journée ma fatiguée et je ne pense qu’à une seule chose, me retrouver sous mes grands draps chauds.

Siobhan .